Nostalgie de la puissance d'un côté / Nostalgie de la liberté de l'autre...

Beaucoup de peuples sur cette terre vivent dans la nostalgie de leur gloire passée, de leur puissant empire perdu... Ces peuples généralement vantent les mérites de la pacification du territoire qu'ils avaient conquis et de la civilisation dont le monde aurait bénéficié grâce à eux. Par certains côtés les beaux restes qui subsistent de cette expansion pourraient nous faire admirer le passé des conquérants... Mais il ne faut surtout pas oublier : 1. Un peuple conquis est toujours un peuple soumis. 2.Un peuple soumis est humilié en permanence directement et indirectement. 3. A cette humiliation s'ajoute la persécution quand ce peuple refuse d'être humilié. 4. Si la persécution ne suffit pas à écraser l'énergie de ce peuple, elle peut se poursuivre en génocide...

La nostalgie de la liberté disparue est d'un autre ordre...
Ce blog veut témoigner pour Chypre. Il se composera d'articles glanés ci et là sur le web soit en français soit que j'aurais traduits Puissent les lecteurs francophones en prendre connaissance !
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SAINT POLYDORE Le néo-martyr chypriote






Son nom n’est pas connu par beaucoup. Et pourtant il est  un véritable joyau de l'histoire récente de Chypre, une figure héroïque et un nouveau martyr de l'Église orthodoxe. Polydore est né à Nicosie, un peu après le milieu du 18e siècle. Il a été pendu à La Nouvelle Éphèse (Yeni Kusandasi) le 3 Septembre 1794.

C’étaient des années difficiles. Des années d'obscurité. Des années de dur esclavage. Malgré cela, ses parents Hadjiloukas  et Lourdanou, qui respectaient Dieu et étaient de pieuses personnes ont veillé à donner à leur enfant une éducation chrétienne et l’ont l'envoyé étudier la théologie. Quand Polydore a grandi, il s’est montré naturellement intelligent et créatif, et c’est ainsi qu’il s'est engagé dans une activité de commerce. Pour son travail, il eut à voyager dans diverses parties du monde, notamment en Égypte. Pendant un temps, il a suivi les conseils de ses parents, et a pris soin de savoir avec qui il pouvait se lier car leurs voix résonnaient en permanence dans ses oreilles le retenant de se trouver en mauvaise compagnie.

Cependant avec le temps, son attention s’est affaiblie. Au cours de l'un de ses voyages dans le pays du Nil, il fit la connaissance d’un riche renégat de Zakynthos et rentra à  son service. Dans cet emploi, il était en relations avec toutes sortes  d'hommes de son âge. Ce  que nous appellerions aujourd'hui des marginaux, le type d'hommes qui n'avaient pas de barrières morales. Rapidement à leur contact, Polydore commença une vie nocturne, à boire et se saouler, à jouer aux cartes et passer toute la nuit jusqu'à l'aube dans divers lieux de débauche.
Dans l'un de ces lieux, un soir qu’il était complètement ivre, il décida de changer de religion et devint Musulman. Sa nouvelle religion ne lui offrit cependant aucune joie et ne lui procura pas la moindre satisfaction. Malgré l'argent qu'il gagnait, la position et la grandeur que sa nouvelle vie lui assurait, il ne parvenait pas à trouver  le moindre bonheur dans sa vie. Bien au contraire, la culpabilité, qui commença à naître en lui, alla croissant de jour en jour ne lui laissant aucun répit. Sa conscience le taraudait sans merci, elle était comme un fouet qui le frappait sans pitié .Un soir qu'il était dans une telle agitation mentale, il se souvint avec une douce nostalgie de sa maison et de ses parents. Ceux-ci étaient illettrés, mais ils avaient l'éducation de la foi et de la vertu. Le soir avant d'aller de se coucher, tout le monde s’agenouillait devant l'icône de la Vierge Marie et la priait de bien prendre soin d’eux et de les protéger des Turcs. Maintenant, c’était devant la religion de ces mêmes Turcs qu'il se prosternait. Puis il se rappela les conseils de sa douce maman. Elle lui disait les mots suivants, chaque  fois qu'il avait fait quelque chose qu'il n'aurait pas dû faire et se sentait mal à l'aise et malheureux de l’avoir fait. "Mon enfant, lui disait-elle, la seule chose qui soulage et donne la paix à une mauvaise conscience c’est la pénitence et la confession". Ce souvenir lui redonna quelque force d'une certaine manière, mais le poussa également, à quitter l'Égypte sans aucun retard ni report et aller à Beyrouth.

Quand il y arriva, dans un grand tourment, il courut à la rencontre de l'évêque orthodoxe local. Quand il l'eut trouvé, profondément abattu, il s'effondra à ses pieds et lui demanda d'accepter sa confession. Il lui raconta tout. Il n’omit rien. L’évêque qui était un pasteur dévoué, l'écouta avec compassion et des larmes d’affection. A la fin, après lui avoir donné quelque réconfort qui lui redonna des forces, l'évêque lui recommanda pour sa sécurité et afin de trouver la paix de recourir à un monastère. Polydore écouta avec attention. Il remercia le bon père spirituel, le quitta et s’empressa de suivre son conseil. Il s’installa dans un monastère, mais  seulement  pour une courte période. Craignant de compromettre son père spirituel, il partit assez tôt. Il voyagea en divers endroits et parvint à l'île de Chios. Là il rendit visite à un autre père spirituel et une fois encore avec la douleur au cœur, il se confessa et lui  demanda  la grâce d’être à nouveau agrégé à l'Église orthodoxe. Le père spirituel  accepta sa repentance. Il lut la prière du pardon, l’oignit de myrrhe sainte et lui donna la communion. Après son rétablissement dans le giron de l'Église, Polydore partit pour la ville de La Nouvelle Éphèse en Asie Mineure.

 Son désir de remédier réellement à son péché, ne le laissait pas en paix. Une pensée tournait en permanence dans sa tête : rendre visite aux autorités turques et déclarer avec franchise, en face d'eux, sa foi au Christ et sa consécration à sa sainte volonté. Un jour donc, il se présenta devant le Mufti (juge et religieux musulman) et sans crainte lui demanda. «Dites-moi Maître, est-il légal et juste de donner en retour quelque chose de faux qui m'a été donné il ya quelque temps avec fraude?" Le mufti répondit par l'affirmative. «Oui, lui dit-il, c’est légal". Puis Polydore ajouté "Je vous demanderai de me donner ce décret par écrit». Le mufti écrivit sa décision et la lui tendit. Dès que Polydore prit le décret (la fatwa) dans sa main, sans perdre de temps, il courut voir le juge de la religion musulmane (le cadi) et en montrant le décret du mufti, il lui dit: "Il y a dix ans, j'ai été trompé et on m'a fait renier ma foi. J'ai jeté l'or que j’avais pour de la boue. Maintenant, je le regrette. Je suis désolé de ce que j'ai fait ; je suis affligé et je pleure. Prenez la boue et je vais reprendre mon or. J'étais chrétien ! Je resterai chrétien! Et je suis prêt à mourir en chrétien! "
Après avoir entendu les paroles du confesseur, le cadi eut de la peine à contenir sa colère. Il essaya pourtant de poursuivre la conversation. Il commença avec des flatteries. Il poursuivit par des promesses. Il  essaya de faire changer d'avis Polydore en lui promettant de l'argent, des postes et des honneurs ... et conclut: «Auparavant tu étais chrétien. Maintenant, toutefois tu es musulman". "Non, non!" Polydore protesta énergiquement: «Je suis chrétien et je mourrai chrétien».


Tous les saints de l'Église de Chypre

 Le cadi ne se laissa pas désarçonner. Il continua à faire des promesses. De séduisantes promesses. D'improbables promesses. Mais en vain. Enfin, quand il fut convaincu que ses efforts seraient sans effet, il commanda que Polydore fût saisi et mis en prison, où on  commença les tortures sanas tarder. Toute la nuit, les bourreaux torturèrent le martyr. Compter les différentes sortes de tortures qui furent infligées à Polydore est impossible. Nous n’en dirons pas davantage. Le lendemain défiguré par les sévices de toute la nuit et le corps brisé par les coups cruels, Polydore fut conduit devant un conseil composé de nobles turcs. Polydore, pour la deuxième fois avec une droiture admirable proclama sa foi au Christ et sa décision irrévocable de mourir pour elle. A toutes les menaces et les pressions qu’ils exerçaient contre lui, son unique réponse fut: «Je suis chrétien! Je resterai chrétien! Et je mourrai chrétien». Son insistance inflexible provoqua une telle colère chez tous les membres du Conseil, que dans leur impuissance, afin de trouver une sortie dans l'impasse, ils ordonnèrent de jeter le Saint à nouveau en prison où les tortures reprirent aussitôt. Les bourreaux avec une fureur sans frein saisirent à nouveau la victime et la jetèrent dans une obscure cellule. Avec une passion cannibale, de funeste mémoire, persistant même à notre époque, ils commencèrent leur œuvre macabre. Ils  ligotèrent les mains et les jambes du martyr de sorte qu’il lui fût impossible de se déplacer et avec des fouets ils le frappèrent constamment, partout. Le corps du saint n’était  plus qu’une immense plaie dont le sang coulait à flots. Après cela, ils lui mirent des fers rouges et des briques brûlantes sur les épaules et sous les aisselles. Et pendant que les uns lui inséraient une tige de fer dans le pénis, les autres mettaient sur sa tête un pot brûlant en guise de couvre-chef. Nous ne mentionnerons pas les autres tortures car cela deviendrait vraiment insoutenable autant  pour celui qui écrit que pour le lecteur. Nous n'ajouterons que cela : l’héroïque martyr endura tout avec un courage et une constance uniques. Il les endura en s’en détachant par la force de sa foi : «Seigneur pardonne-moi''. Il avait déjà décidé sa mort ainsi la douleur ne lui faisait pas peur Il passa toue la nuit dans le martyre. Au matin, quelques bourreaux saisirent le martyr et le conduisirent en l’accablant d'injures et de cris sur la place en face du juge, qui attendait assis sur une haute plate-forme entouré de nombreux notables ottomans. Un peu en-dessous avaient été installées des potences. Le martyr regarda d'abord la potence, puis le juge. A la vue de la première il se sentit réconforté tandis qu’il ressentit du dégoût en regardant le second. "Hé! Qu’est-ce que tu en dis? », cria le juge, avec un rire sardonique. As-tu maintenant un peu de plomb dans la cervelle ou persistes-tu dans tes convictions ?''.– " J'ai perdu la tête uniquement lorsque j'ai été étranger à moi-même et que j’ai échangé ma foi avec la vôtre. C’est folie que de jeter de l'or, pour ramasser de la boue. Maintenant, j'ai retrouvé toute ma raison. Maintenant que je suis revenu au Christ ». En écoutant les paroles du martyr, le juge perdit patience et cria : «Pendez-ce gavour (porc d’infidèle) pour que nous puissions en finir avec lui .Pendez-le, son esprit ne change pas». Les bourreaux conduisirent Polydore à la potence. Alors il s'approcha d'eux d’un pas déterminé, il embrassa la corde avec respect, fit son signe de croix avec dévotion et accepta sereinement que son bourreau lui passe  la corde au cou. Le bourreau tira la corde et le corps fut soulevé dans les airs tandis que l'âme du  sainte s'envola dans le bleu chaos du ciel. Le cadavre du Saint est resté sur le gibet trois jours entiers. Les Turcs ont ensuite ordonné aux chrétiens de l’emporter et de l'enterrer. De bonnes âmes, des chrétiens et paradoxalement quelques musulmans ont descendu le corps du Saint de la potence, l’ont lavé avec de l'eau pure et l'ont enseveli près du cimetière arménien avec des larmes d'admiration et d’amour. Aujourd’hui son crâne est conservé dans l'église Sainte-Catherine de  Plaka, à Athènes.




(version française de Maxime le minime d'ap. le texte de noctoc)

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