La sortie de la zone euro, que l’archevêque avait envisagée il y a encore quelques semaines, n’est par contre plus à l’ordre du jour. Dès la première vague de licenciements, l’Église a instauré des distributions de produits alimentaires dans les paroisses. Dans son message pascal, début mai, Chrysostomos II a annoncé que l’ensemble des biens de l’Église chypriote sera mis à la disposition du pays pour « soulager le malheur et sauver l’économie ».
Propriétaire foncier
L’Église de Chypre est le plus important propriétaire foncier de l’île, avec des participations dans une grande brasserie indépendante, une cimenterie, une chaîne de télévision, des hôtels et appartements, une banque. Selon les déclarations officielles de l’Église, sa fortune se monte à 2,4 milliards d’euros. En 2012, l’Église avait fait diminuer le salaire des évêques et des prêtres de 25% et celui de leurs employés de 15%, afin de « participer aux efforts ». C’est l’État qui paie les prêtres à Chypre…Le sentiment de punition et d’injustice est partagé par les Chypriotes.
«Qu’avons nous fait pour qu’on nous traite ainsi ?
« Qu’avons-nous fait pour que l’Europe nous traite ainsi ? », s’interroge Christina, restauratrice. « Les médias étrangers s’attendaient à des émeutes alors qu’il n’y a eu que quelques manifestations par les gens qui ont tout perdu. On dit qu’il ne faut pas venir en vacances parce que les hôtels ne peuvent pas assurer les repas. C’est n’importe quoi ! Mais avec le chômage, les gens s’organisent, économisent, et cela devient un cercle vicieux.Des secteurs comme le bâtiment sont sinistrés. Les gens ne vont plus chez le coiffeur, n’achètent plus que le strict nécessaire, ce qui n’est évidemment pas bon pour l’économie. Mais nous avons peur. »