Plus de modèle économique
Surtout, le « plan de sauvetage » de Chypre, en faisant payer les déposants de plus de 100.000 euros pour le renflouement des banques a réduit à quasiment rien le modèle économique de l'île fondé sur le système bancaire et les dépôts étrangers. C'est dire si l'exploitation des richesses gazières qui se trouvent dans les sous-sols marins au large des côtes chypriotes est attendue avec impatience. En grande partie, ce qui fait « tenir » les Chypriotes durant ces années difficiles, c'est l'attente du gaz.
Création d'une ZEE
Le gaz sous-marin serait en abondance. Conformément au droit de la mer, notamment à la convention de 1982, Nicosie a établi une « zone économique exclusive » pour réaliser les études et l'exploitation de ces richesses. Cette ZEE est divisée en treize blocs d'exploration et d'exploitation qui ont été en partie attribués à des entreprises étrangères. Mais depuis longtemps, la Turquie s'irrite des volontés de Chypre d'exploiter ces richesses.
La résistance d'Ankara
Ankara, rappelons-le, ne reconnaît pas la république de Chypre, membre de l'UE et seule entité reconnue par la communauté internationale. Elle défend les droits de la République turque de Chypre du Nord (RCTN), entité non reconnue par d'autres pays que la Turquie, et occupée militairement par l'armée turque depuis 1974. Surtout, la Turquie n'est pas signataire de la convention de 1982. Le gaz naturel qui dort sous la Méditerranée est le plus fabuleux espoir des Chypriotes. Soumis à une austérité sévère depuis que la crise grecque a rattrapé l'île en mars 2013, le pays connaît une des plus graves récessions de son histoire. Les observateurs ont beau affirmé qu'ils s'attendaient « à pire », les chiffres sont redoutables : le PIB s'est contracté de 2,4 % en 2013 et de 5,5 % en 2014. Cette année, il pourrait encore reculer de 3,2 %, selon le FMI. Le chômage, jadis inexistant, atteint 17 % de la population active.
Ankara a multiplié les provocations et les menaces. Des navires ont été plusieurs fois aperçus dans les eaux des blocs de la ZEE chypriote.
Etudes sismiques débutées
Mais, cette semaine, la tension est montée d'un cran encore. Le gouvernement turc a autorisé des recherches dans la ZEE chypriote jusqu'au 30 décembre et le mardi 21 octobre, le Barbaros, navire de la compagnie turque TPAO a réalisé dans le bloc 3 ses premières études sismiques. Il est aussi attendu dans le bloc 9, attribué par Nicosie à la société italienne ENI.
Appel à une réaction européenne et internationale
La réaction du gouvernement chypriote s'est voulue mesurée. Nicosie a émis un plan de réaction en huit points parmi lesquels elle réclame la réunion du conseil de sécurité de l'ONU, une réponse commune de l'UE, et l'annonce qu'elle refusera désormais toute ouverture d'un nouveau chapitre d'adhésion à l'UE de la Turquie tant que cette dernière n'aura pas reconnu la ZEE. Rien qui ne doit vraiment inquiéter Ankara, pour le moment. Néanmoins, le conseil européen de jeudi et vendredi devra sans doute prendre position.
Stratégies
L'affaire n'est pas aisée. L'UE n'entend pas se mettre à dos Ankara dans le contexte actuel de crise aux frontières turques d'Irak et surtout de Syrie. La Turquie tente de contraindre Nicosie à accorder une partie des bénéfices à la RCTN en menaçant la république d'un coup de force. Les Chypriotes préféreraient utiliser, pour leur part, ces richesses gazières pour attirer les Turcs dans un processus de réunification. Les deux stratégies ont pour le moment échoué. Depuis 1960, et plus que jamais, le problème chypriote semble inextricable...
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